Un bâtiment agricole revisité
Composer avec une ferme cloisonnée
Dans le domaine de Rochemontes, que se partagent un château et ses dépendances du XVIII ème siècle désormais classés, se dresse une vieille ferme solitaire aux dimensions imposantes.
L’architecte s’est chargée de la transformation en habitation, usant des contraintes comme d’un outil créatif.
« La volonté des architectes des bâtiments de France était de conserver le volume et les percements des façades de la ferme, comme témoignage patrimonial. Les clients souhaitaient des espaces libres, lumineux et animés par des différences de niveaux reliés grâce à des passerelles : un lieu résolument contemporain. » (Caroline Semin pour Architecture à Vivre n°26)
Les contradiction que devait gérer le maître d’œuvre pour satisfaire les parties en présence étaient de 2 ordres : faire entrer la lumière dans ce bâtiment de 10 mètres d’épaisseur sans modifier les petites ouvertures en façade, et créer des espaces fluides dans un édifice fortement cloisonné.
L’architecte a fait d’une pierre deux coups en évidant pour partie la ferme le long de la façade nord. Ce très haut volume, où sont superposés plusieurs niveaux, forme une sorte de noyau inondé de lumière grâce a une large verrière réalisée en toiture. Il éclaire le cœur de la maison, regroupe les espaces de circulation et quatre blocs de services multicolores : un cellier et des sanitaires au rez-de-chaussée, deux dressings à l’étage en mezzanine, ainsi qu’un bureau et un salon télé sous les combles également en mezzanine. Autour, sont superposées en U les différentes pièces. Toutes sont implantées dans les vides ménagés entre les murs porteurs.
Cette disposition évite l’abattage de ces derniers et la reprise des charges qu’ils supportent par une ossature complémentaire particulièrement onéreuse. Seul l’un des deux à été détruit dans le salon, qui méritait un minimum d’espace pour valoriser le foyer monumental qui l’occupe. Conformément aux désirs des clients, les lieux s’enchaînent avec fluidité : la salle a manger, la cuisine, le séjour et la bibliothèque s’ouvrent les uns sur les autres au RDC, tandis qu’au premier étage, un long couloir ondulant, éclairé zénithalement, distribue les chambres et salles de bains.
Béton poli, caillebotis en métal, jonc de mer et verre coloré viennent habiller cette grange, maison contemporaine à l’intérieur, témoin du passé à l’extérieur.